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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

Gore à la française

Frontière(s)

 

Un film écrit et réalisé par Xavier Gens avec Samuel Le Bihan, Karina Testa

 

Une bande de jeunes de la banlieue parisienne profite des émeutes suivant le premier tour des élections présidentielles pour faire un casse, mais il tourne mal et l’un d’eux doit être hospitalisé. L’équipe se scinde en deux, promettant de se retrouver quelque part sur la route des Pays-Bas. Les deux premiers trouvent un motel isolé près de la frontière luxembourgeoise. Si les jeunes femmes qui les accueillent ne semblent pas farouches, les gars du coin sont moins sympathiques. Quand les deux derniers arriveront sur les lieux, l’horreur aura déjà frappé…

 

C’est grâce à une invitation que j’ai pu accéder à cette séance gratuitement. Tant mieux, d’autant que Karina Testa, Samuel Le Bihan et Xavier Gens avaient fait le déplacement. On a pu ainsi comprendre la fierté du réalisateur de savoir son film « interdit aux moins de 16 ans » - et moins de 18 aux USA – et apprendre quelques anecdotes sur un tournage qui a visiblement été musclé, bien que réalisé avec un très petit budget. Gens soulignait le caractère « jusqu’au-boutiste » de l’œuvre, estimant que trop de films de genre actuels étaient soit maladroits et timorés (pour les plus fauchés) soit trop calibrés par les grosses productions américaines. On était donc en droit de s’attendre à quelque chose d’inespéré, d’utopique presque : un film de genre français allant plus loin, osant repousser les limites du politiquement correct et du bon goût tout en respectant les codes imposés. A ce sujet, l’affiche du film reproduit l’avertissement donné par la Commission ad hoc, insistant sur les nombreuses scènes de « boucherie ». Cool, de quoi faire oublier le surestimé Hostel.

 

En fait, malgré un sens du rythme évident, un montage hésitant mais privilégiant les temps forts, un traitement photographique poussé délavant les couleurs, on a du mal à se plonger dans le film : il est vrai qu’on nous promettait du sang et des tripes et on se retrouvait avec des racailles en fuite, cherchant à résoudre le problème posé par la bastos dans le bide d’un des leurs. 4 mecs, une fille (enceinte) : les relations sont tendues, il faut éviter les keufs et se tirer au plus tôt.

 

Puis, dès qu’apparaît à la tombée de la nuit, en rase campagne, un panneau usé indiquant un motel, on sait qu’on y est. Du coup, la construction rappelle davantage Wolf Creek mais en moins décalé tout de même. Ensuite, on est servi : le sang y gicle abondamment, on y tranche, perce, découpe souvent, les décors sont hideux à souhait et les personnages complètement barrés. Mais l’intrigue rappelle beaucoup trop celle de Massacre à la tronçonneuse (et davantage son remake récent) et des passages entiers sont repompés de the Descent (ainsi du jeune qui progresse dans les galeries de mine éclairé par son caméscope, ou encore Yasmina qui passe de longues minutes le corps entièrement recouvert du sang des autres). Cette famille de tarés – nazis, qui plus est - à la lisière de la civilisation, c’est loin d’être original. Les rituels instaurés sont presque risibles même si, à bien y réfléchir, ils font un peu froid dans le dos. Et si Karina Testa étonne par la façon dont elle « subit » les violences et autres atrocités dont elle est témoin, victime ou coupable, Le Bihan en fait trop et Estelle Lefébure n’est pas du tout crédible en fille de nazi sans scrupule. Cela dit, même si on est loin de l’esprit « jusqu’au-boutiste » promis par Gens, ça reste assez plaisant, quoique assez banal.

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