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Quand je regarde l'écran, l'écran me regarde.

les Médicis, saison 2 : en vidéo depuis le 6 mars 2019

les Médicis, saison 2 : en vidéo depuis le 6 mars 2019

Malgré quelques critiques éparses sur la véracité historique de certains faits ponctuant le récit de la première saison, la série sur les Médicis enchaîne avec une deuxième qui se dédoublera (la troisième étant en cours de production), histoire de faire honneur à l’un des personnages les plus emblématiques de la famille florentine mais aussi de la Renaissance italienne : Laurent le Magnifique. Amant passionné, bretteur et poète, pourfendeur des injustices et grand mécène, Lorenzo, petit-fils de Côme qui avait satellisé l’influence des Médicis sur l’Europe entière, a été propulsé au rang d’icône politique sous la plume d’un certain Machiavel, qui voyait en lui un modèle, l’homme idéal d’une époque en plein bouleversement, usant de l’influence humaniste pour puiser dans la sagesse antique les idées qui réécriront la civilisation moderne.

les Médicis, saison 2 : en vidéo depuis le 6 mars 2019

Les showrunners de la première saison reprennent donc leur routine qui avait séduit bon nombre de spectateurs : des cadres somptueux, dont la Cathédrale Santa-Maria del Fiore et son duomo classé à l’UNESCO, confirment la pertinence historique des intrigues ; une galerie de personnages hauts en couleurs, même si relativement archétypaux ; des relations politiques troubles menant à des complots, voire des conflits ; des relations familiales tout aussi troubles menant à des trahisons, voire des assassinats. Ajoutez-y une ambiance oppressante et un soupçon d’érotisme (bien qu’on soit loin des séries Canal + ou HBO) et une B.O. toujours confiée aux bons soins de Paolo Buonvino qui peuple allègrement l’espace sonore par des chœurs impressionnants.

La série tourne sur un rythme agréable, limitant désormais ses flashbacks à des souvenirs d’enfance plutôt judicieux, tout en restant fidèle à sa manière de traiter les dialogues, souvent sentencieux, parfois un peu pédants. Si elle a perdu un peu en glamour par un casting moins attrayant, elle a su thésauriser sur la participation de Sean Bean, régulièrement présent, parfois juste en arrière-plan mais bénéficiant d’une indéniable présence. Il interprète Jacopo Pazzi, descendant d’une ancienne famille à la noblesse patentée (il se vante d’avoir pour aïeul l’un des premiers conquérants de Jérusalem lors de la première Croisade) qui n’accepte pour rien au monde la toute-puissance des Médicis qu’il voit comme des parvenus opportunistes et jure ses grands dieux qu’il mettra un terme à leur influence, quitte à user d’expédients illégaux, voire létaux. Avec ses cheveux filasse et sa trogne bougonne, il campe le parfait salaud, fidèle à des traditions archaïques et hostile à l’évolution de la République florentine ; pour lui, le fait que les Médicis aient donné du travail à une majorité de sans-abri, aient développé la vie culturelle de la cité, décuplé les opérations de mécénat et arrangé des traités de collaboration avec les cités rivales (Venise et Milan) afin d’obtenir une paix inespérée n’a rien d’un accomplissement. Il considère que le peuple doit être sinon soumis, du moins guidé par une élite autoproclamée et rêve de voir le retour à une oligarchie de facto qui augmenterait le prestige défaillant de sa famille et permettrait en outre à une dynastie de régner sur Florence.

les Médicis, saison 2 : en vidéo depuis le 6 mars 2019

Sa force de caractère, son influence occulte, son absence totale de scrupules lorsqu’il s’agit d’éliminer des rivaux aurait dû lui permettre de dominer l’Assemblée des Prieurs et d’imposer ses visions rétrogrades. D’autant qu’il s’est débrouillé pour que Piero de Medici, l’héritier de Côme (incarné par Julian Sands), soit éliminé très tôt de l’échiquier. Sauf qu’en face de lui, il va trouver la fougue un peu bravache et le charisme incontestable de Lorenzo, le fils aîné de ses ennemis, adulé par la foule des miséreux, vénéré par les artistes qui se pressent dans la cité (au point que le très prometteur Botticelli y prépare son chef-d’œuvre) et respecté par de nombreux notables qui préfèrent sa vision des choses, souvent pour des raisons pratiques (une paix durable étant davantage propice au commerce). Ce garçon, tout en poussant pour que s’instaure une véritable démocratie dans la cité toscane, se comporte en monarque éclairé, donc bienveillant. Malgré ses réserves, il lui faut prendre des décisions stratégiques, nouer des alliances parfois contre-nature. Il n’hésite pas à payer de sa personne, se berçant souvent d’illusions, bien aidé par la vaillance un peu irresponsable de son frère cadet Giulano mais heureusement continuellement guidé par la voix d’outre-tombe de sa grand-mère Contessina qui plaçait en lui l’espoir d’un destin hors normes. Sous les assauts incessants et pernicieux des complots de Pazzi, Lorenzo mouillera sa chemise et s’évertuera autant que possible à respecter ses principes vertueux, capable par exemple de s’opposer à sa mère et à son père mourant lorsque la banque familiale sera au bord de la faillite. Et quand bien même le nouveau pape ait des vues opposées, s’inquiétant de son influence sur certaines villes censées appartenir aux Etats de l’Eglise, il nourrira une réelle admiration pour les actes de ce jeune homme promis à un avenir brillant… pour peu qu’on le laisse faire.

les Médicis, saison 2 : en vidéo depuis le 6 mars 2019

Face à Sean Bean, on trouve Daniel Sharman, bôgosse britannique qui a fait ses armes dans des séries comme Teen Wolf  ou Fear of the Walking Dead. L’opposition des styles ne joue pas en sa faveur, mais il parvient à être crédible en jeune loup de la politique, et davantage encore en amant et en mari volage. Il manque tout de même de consistance dans les séquences à forte tension dramatique. Le constat est le même pour de nombreux jeunes comédiens, tels Bradley James/Giulano, bien fade.

Les actrices s’en sortent nettement mieux, ayant à incarner des femmes qui, malgré les progrès de la civilisation, demeurent les victimes privilégiées des luttes de pouvoir : on les marie sans leur demander leur reste, et on tue leurs conjoints, parents et enfants sous leurs yeux. Alessandra Mastronardi dans le rôle de Lucrèce Donati campe la maîtresse sensuelle de Lorenzo, femme respectueuse de son mari mais capable d’influencer habilement ses prises de position à l’assemblée. Aurora Rufino en Bianca de Médicis amoureuse d’un fils Pazzi paie également de sa personne, tout comme Matilda Lutz en Simonetta Vespucci, femme respectueuse, modèle préféré du peintre Botticelli et secrètement éprise de Giulano.

les Médicis, saison 2 : en vidéo depuis le 6 mars 2019

La saison tout entière s’articule autour des réactions parfois désespérées, parfois lumineuse

d’un Lorenzo aux abois face à un Jacopo Pazzi chaque fois plus entreprenant, retors et dangereux, tout en conservant en fil rouge la liaison particulière unissant Lorenzo et Francesco Pazzi, amis d’enfance et ennemis de facto, le tout trouvant son point d’orgue lors de l’épisode final avec l’événement connu sous le nom de « conspiration des Pazzi ». Alliances et mésalliances, utopies et amères réalités.

Wild Side propose depuis le 6 mars 2019 la saison 2 en coffret 3 DVD (8 épisodes de 50 min environ), ou l’intégrale des deux saisons, le tout en VO et VF. Bien que la version originale soit justifiée, elle engendre un certain malaise : les protagonistes étant censés s’exprimer en italien, les voir dialoguer en anglais influe sur la pertinence de certaines répliques, d’autant que la messe, par exemple, est dite en latin et italien. Pire, certaines lettres et poèmes, voire certains actes juridiques, sont rédigés en anglais moderne ! L’objectif de toucher une audience internationale ne justifiait guère ces prises de position, d’autant que certains comédiens transalpins manifestent de grosses difficultés à jouer dans la langue de Shakespeare.

les Médicis, saison 2 : en vidéo depuis le 6 mars 2019

Titre original

Medici : Lorenzo the Magnificent – season 2

Créateurs

Frank Spotnitz & Nicholas Meyer

Format

1 saison de 8 épisodes de 54 min

Date de 1e diffusion

2018 sur la RAI

Date de 1e diffusion française

18 janvier 2019 sur RMC Story

Date de sortie en vidéo

6 mars 2019 avec Wild Side

Distribution

Daniel Sharman, Bradley James, Sean Bean & Julian Sands

Réalisation

Jon Cassar & Jan Michelini

Photographie

Vittorio Omodei-Zoeini & Alessandro Signori

Musique

Paolo Buonvino

Support & durée

DVD Wild Side (2019) zone 2 en 1.77 :1 /430 min environ

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